24 Avril 2017
Dehors la neige habite la nuit. L’exil du soleil a suscité nos frayeurs et nos rêves.
Dedans, une voix cassée, la même depuis des siècles, des millénaires, celle des mères de nos mères, crée à mesure le monde merveilleux qui a bercé nos ancêtres depuis les jours anciens.
Le temps s’est arrêté, le chant exorcise la peur, il crée la chaleur des hommes près de la chaleur du feu. Le même rythme tisse la laine pour nos corps, la fable pour nos cœurs.
S’était ainsi depuis toujours, pourtant les dernières veillées en mourant risquaient d’emporter avec elles les derniers rythmes.
Allons-nous rester orphelins d’elles et d’eux ? Il faut savoir gré à celui qui, habille à la fois moderne et immortel les vers fidèles et beaux, prolonge pour nous avec des outils très actuel un émerveillement très ancien.
C’est en vain que dehors la neige habite la nuit.
MOULOUD MAMMERI.